dimanche 17 septembre 2017

Just get ready for work, work, work, work, work


Et donc quand je suis revenue en France j'en ai profité pour changer de carrière.

Faut savoir qu'à l'époque où je me travaillais le ciboulot pour savoir s'il valait mieux rester en Nouvelle-Zélande ou rentrer en Europe, j'ai aussi traversé une mini-crise existentielle (parce que pourquoi pas) (si déjà).

J'ai donc passé quelques mois en mode "qui suis-je, où vais-je, quel est le sens de la vie sur terre" (ah ben oui mais quand je dis que c'était existentiel, c'est pas une image).

J'ai même lu Sartre pour avoir des réponses, mais ça m'a pas aidé des masses (vu que l'existentialisme c'est en somme "Tu es entièrement libre, Dieu et le destin n'existent pas, fais ta vie petit oiseau fragile") (trop merci JPS ça m'avance super), puis je me suis dit que de toute façon j'avais pas besoin de philosophes pour me dire quoi faire de ma vie vu qu'ils se contredisaient tous en permanence, alors hein, si c'est pour se tromper je peux aussi bien penser pour moi-même.

Du coup j'ai réfléchi au truc qui me posait le plus problème, et c'était mon travail.

Je m'en suis rendue compte le jour où mon manager m'a fait mon évaluation de six mois et m'a dit:

- En somme, on est super contents de t'avoir avec nous, tu fais du très bon boulot! D'ailleurs, je voudrais commencer à te former pour que tu me remplaces d'ici l'année prochaine.

Moi j'ai fait:


Mais en vrai, je pensais:


Parce que j'ai tout de suite pensé: laisse tomber comme je veux trop pas devenir manager marketing, plutôt crever merci bien.

Déjà, je me voyais pas "manager" de quoi que ce soit. Je déteste la confrontation, je déteste donner des ordres, et je veux que tout le monde ce soit mes amis tout le temps et si y'a une seule personne qui m'aime pas je vais mourir.

En gros, voilà ce que ça donnerait avec moi à la tête d'une équipe:

- Okay tout le monde, alors c'est parti pour l'organisation de cet événement! Machin, tu peux te charger des invitations?
- Oui, il te les faut pour quand?
- Quand tu veux! Enfin quand c'est possible, hein, quand tu peux quoi, te stresse pas surtout, je ne veux que ton bonheur. Oui, Machine?
- Je peux rentrer plus tôt aujourd'hui? 
- Bien sûr! En fait, tu sais quoi? Tout le monde rentre tôt!
- ...
- Et en fait, vous savez quoi? Vous inquiétez pas pour cet événement, je m'en occupe. Vous fatiguez pas. Continuez à m'aimer surtout, c'est ça votre job. Okay, super boulot d'équipe! Qui veut un cookie?

Tu comprends pourquoi l'idée ne me paraissait pas super duper.

Mais, au-delà de cet aspect, je ne me voyais pas faire carrière dans le marketing non plus:

- Et pourquoi pas?
- Parce que c'est malhonnête, le marketing, Fla! C'est un boulot qui a été créé de toutes pièces pour servir la société de consommation: faire engraisser les patrons en faisant croire aux masses qu'ils ont besoin de choses inutiles.
- Et t'avais pas compris ça quand t'as fait des études de marketing?


("Gné gnavais gna compris gna quand t'as fait des gnétudes de gnarketing")

En fait, c'est plus compliqué que ça: moi, à la base, j'avais fait des études de comm, parce que j'adorais ça. Mais il a fallu que j'entre dans le monde du travail pour comprendre que tous les boulots dans la comm dans les PME englobent aussi forcément le marketing.

(Et, dans le cas de la Nouvelle-Zélande, englobent aussi la vente, le service après-vente, le commerce en ligne, la pub et le design.)

(Paye ton pays avec douze diplômés.)

- Mais alors il te suffit d'aller travailler pour une grande entreprise, qui a suffisamment de budget pour se payer un département QUE pour la communication!

M'ont alors soufflé quelques âmes bien intentionnées.

Ce qui malheureusement ne résolvait pas mon problème, puisque j'ai été élevée par des communistes rappelons-le, et que donc grande entreprise = entreprise qui a beaucoup d'argent = entreprise qui a des actionnaires = DÉMON DU GRAND CAPITAL.

(Mais plus sérieusement, les entreprises qui ont les moyens de payer des départements entiers à faire que du travail sur leur image.... ben c'est qu'elles ont un problème d'image quelque part.)

(c.f. H&M et leurs enfants esclaves, Nestlé et leur main-mise sur l'eau potable, ou Coca-Cola et leurs millions de procès sur leur impact environnemental, le contenu de leurs produits, ou encore l'expérimentation animale.)

- Mais qu'à cela ne tienne, il reste toujours la communication publique! Pourquoi ne pas aller travailler pour des institutions européennes ou régionales, ou des ONG?

M'ont soufflé d'autres gens bien intentionnés (= ma mère).

Et là, j'ai deux réponses:

1. Les ONG, je préfère les aider en leur donnant de la thune ou en faisant du travail bénévole, mais j'ai pas envie que les dons des gens servent uniquement à promouvoir l'ONG et qu'on ne reverse qu'une petite partie à la cause en soi (n'est-ce pas Greenpeace?)

2. La comm publique, j'ai déjà donné et c'est cool, mais je ne me vois pas bosser des années dans un environnement aussi rigide, parce que déjà au bout de mon stage de 6 mois j'en pouvais plus de la lenteur, du manque de réactivité et surtout de la MONTAGNE DE BUREAUCRATIE qu'engendrait chaque ébauche de plan.


(Ma tête quand j'entendais "bonne idée, organisons une réunion avec le comité pour en discuter!")

Et bon là, à ce stade de l'histoire, t'es un peu en train de te dire "Bon Charlotte tu nous fais chier là, on te propose des solutions et c'est toujours non, à un moment donné tu vas juste devoir arrêter la comm en fait!"

Et en fait ouais, j'en suis venue à la même conclusion.

Du coup, j'ai réfléchi à tous mes boulots passés, et celui qui m'avait plu le plus, c'était le semestre que j'avais passé à donner des cours d'anglais à la fac de Mulhouse.

Ça et mon job d'été à la bibliothèque de Kaysersberg, où j'étais littéralement payée pour passer ma journée au milieu des bouquins et les mettre tous dans l'ordre alphabétique.

(Et couvrir tous les nouveaux livres, ce qui veut dire DOPAGE A L'ODEUR DE LIVRE NEUF.)

(Bref, le paradis.)

Puis je me suis vite fait renseignée sur le concours de bibliothécaire, et j'ai vu qu'en 2016:

- 3000 personnes se sont présentées au concours
- 68 personnes ont été reçues


Mais en fait même ces gens se font entuber, puisque cette année-là il n'y avait que 24 postes disponibles sur toute la France (dont 6 à Paris).

Du coup je me suis dit que OUAIS BON NAN MOYEN EN FAIT HEIN.

Et finalement, après des années à faire de mon mieux pour éviter de devenir ma mère, je me suis enregistrée en tant qu'auto-entrepreneur pour devenir Formatrice en langues.

EXACTEMENT.

COMME.

MA.

MÈRE.


(Mais de toute façon c'était foutu.)

(Je commence déjà à laisser des messages de huit minutes sur les répondeurs des gens.)

(Autant aller jusqu'au bout.)

Bref, ça m'a pris pas mal de temps et beaucoup de paperasse (et crois-moi c'est que le début) mais je suis super contente parce que j'ai commencé quelques cours et mes élèves sont formidables et merveilleux et j'ai plein d'idées pour leur apprendre des trucs cools.

Donc en somme c'est super et je suis trop contente de ma reconversion.

(C'est juste dommage que je sois passée par une école de relations internationales super chère pour me rendre compte que je voulais faire un truc que j'aurais pu faire avec une Licence LLCE, mais des fois la vie te joue des p'tits coups de pute.)

(Et puis c'est bon, j'inviterai mes parents au resto une fois.)

(On va dire que ça compensera les milliers d'Euros.)

Sur ce, je te laisse (j'ai des cours à préparer) et je te dis à bientôt pour parler immobilier et Wall Street English.

A plus dans le bus!

3 commentaires:

  1. Félicitation pour ta reconversion et bon courage pour la suite ;)

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  2. Hahaha mais le coup de la crise existencielle je connais et suis en plein dedans. Transpose juste la comm en "commerce" et on y est.
    Te ferai signe si je trouve la réponse au sens de la vie.
    Joyeux anniversaire au fait , avec un peu de retard... :-)

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  3. Félicitations pour cette reconversion ! :D
    Et j'avoue que ta nouvelle vie me parle d'autant plus que ma marraine a aussi crée un institut d'enseignement des langues étrangères il y a deux ans (sauf que c'était au Pakistan, mais elle était alsacienne donc il y a quand même un rapport avec le schmilblick !).

    Bon et puis je compatis, parce que je ressemble aussi de plus en plus à ma mère.

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