vendredi 7 octobre 2011

Les jeunes, ça craint. Les vieux, c'est mieux.


L'autre jour je regardais le Zapping, et je me suis dit : on est con quand on est jeune.

C'était une histoire avec des lycéens qui avaient fait grève et cassé des poubelles, parce qu'ils avaient entendu une rumeur sur Facebook comme quoi le gouvernement allait supprimer un mois de vacances scolaires.

Du coup ils interviewaient les jeunes, en leur demandant pourquoi ils avaient fait n'imp. Et les gamins répondaient :

- Ouais mais enfin j'veux dire-an, c'est quand même super grave, j'veux dire c'est vraiment dégueulasse de la part de Sarkozy, enfin c'est nos vacances quoi merde! Merde quoi! Je secoue ma frange en signe d'indignation!

J'en étais bouche bée.

- Ouais enfin d'façon les politiques c'est tous des pourris, ils pensent rien qu'à faire des économies sur les dos des gens. Là ils nous font travailler, mais j'veux dire on est pas des esclaves, on a droit à des vacances! Le lycée c'est super fatigant! On doit passer le Bac quand même! Enfin bon moi j'suis en première. Mais je dois passer mon Bac de français, c'est super fatigant! Je dois écrire toute une dissertation, vous vous rendez pas compte! Quatre heures de ma vie que je ne reverrai jamais! J'aurais pu les passer à jouer à Pro Evolution Soccer!

Ouais, c'est sûr, elle est trop horrible ta vie, petit Première S. Une année pour apprendre à faire une dissertation, t'as bien mérité deux mois pour t'en remettre. (Surtout que, dans 50% des cas, ils choisissent le sujet d'invention! Les p'tits cons!)

Donc je me suis dit : on est bête quand on est jeune, à croire n'importe quel truc qu'on voit sur Facebook, à manifester avec violence dès que ça touche ta petite vie, mais à en avoir rien à faire du reste (mais ensuite ils portent des T-Shirts Che Guevara et ils pensent que ça leur fabrique une conscience politique).

Et là, j'ai pensé : heureusement que moi, quand j'étais jeune, j'étais pas con comme ça, hein. Heureusement que j'étais mature, posée, et que j'avais une vision saine et réaliste du monde qui m'entoure.

Et ensuite, j'ai fait un truc que j'aurais jamais dû faire.

Je suis allée lire les archives de mon Skyblog.

Et là, je suis en plein questionnement : comment j'ai pu avoir des amis à l'époque? Comment ma famille a pu me supporter? Comment, mais comment, mais pourquoi? 

Quand j'étais petite ils m'ont fait passer un test de QI, et il était tellement élevé que les gens du test ont voulu m'emmener avec eux à Nice pour m'élever dans une école pour génies sociopathes. J'étais en avance sur toute ma classe jusqu'à la Seconde et je scorais des 20/20 à toutes les matières (bon, sauf en sport, quoi). Alors comment? Comment j'ai pu être aussi débile?

Je faisais exactement tous les trucs des jeunes de la télé. Je dénigrais ma famille :

- Nan mais ils sont tellement CONFORMISTES-an, j'en peux plus, vivement que je mette les voiles à Strasbourg!

J'avais des problèmes terribles dans la vie :

- Nan mais ENCORE un bas blanc quoi-an! Putain c'est bon en a déjà eu deux cette année! Font chier! J'ai pas que ça à faire de réviser, moi! Je dois aller faire du roller avec Carole et parler de comment sera notre vie quand on aura épousé les acteurs du Seigneur des Anneaux!

Sérieux, j'exagère même pas. Preuve à l'appui :

Et bien sûr la tête du matin, c'est toujours le signe avant-coureur d'une journée de merde.

Alors pendant le reste de la journée tu vas te farcir les théories à la con de ta prof d'allemand (les contes de fées, y'a que ça de vrai pour mettre du plomb dans la cervelle de ces jeunes), les expressions ampoulées de ta prof de français et ton cours de géographie où la prof gueule une demi-heure parce que la moitié de la classe n'a pas rendu son schéma (toi tu l'as rendu mais tu te fais quand même piétiner).

Il pleut dehors, tu te fais tremper en allant en cours et tu restes deux heures et demie avec le jean mouillé qui colle aux cuisses et le nez qui coule bien qu'il fasse 15 degrés.

En rentrant chez toi après cette dure journée, un camion t'asperge de boue, tu dérapes sur le trottoir, tu te casses la gueule et tes clés en profitent pour s'échapper dans le caniveau... Et au moment où t'as juste envie de t'assoir sur le bord du trottoir et de pleurer, voilà que passe un
super-canon (qui, lui, a un parapluie et marche loin de la route) et il te jette un regard qui te donne envie de te jeter sous un bus....

Eh oui, c'est une vraie journée de merde ça...et le pire c'est que tout est véridique (je vous dit pas comme j'ai galéré pour récupérer mes clés)

Mais heureusement, après une journée de ce genre, il reste toujours le remède infaillible...
DODO !!! (non, pas comme l'oiseau dans l'age de glace "un dodo n'a jamais froid", spéciale dédicace à ma grande ouce, le vrai dodo qui réconforte tellement qu'on a envie de ne plus se réveiller jusqu'à l'été prochain) 


 "Est-il plus noble pour une âme de souffrir les flèches et les pierres d'une fortune affreuse ou de s'armer contre une mer bouleversée, et d'y faire face, et d'y mettre une fin?" Hamlet, Shakespeare

Je te jure, en lisant cette article, j'ai envie de remonter le temps, d'aller trouver la moi de 16 ans, et de lui dire "Mais ta gueule! Tu sais rien de la vie! C'est pas du tout une journée de merde ça!" 

(Et sérieux, c'est quoi cette citation en bleu ciel pour finir l'article, genre j'ai tout compris à la vie? Ça parle pas du sommeil, Charlotte de 16 ans, ça parle du SUICIDE. Retire ça d'ici tout de suite et va ranger ta chambre.)

Je te jure, ça me déprime. Avec les années, j'avais une super vision de moi-même ado. 

C'est dur d'affronter le fait que je recopiais des poèmes de Verlaine sur mon blog en disant:

- Nan mais je m'y retrouve COMPLETEMENT-an. 

Ou que j'écrivais des articles de rebelle sur la religion : 

- Que des conneries, de toute façon moi j'ai envie d'aller en enfer, et tant pis si ça vous choque d'abord !

Ou encore des articles culculs sur mes meilleures copines de toute la vie, dont le lyrisme n'aurait pas déparé "envoie POEM au 81212" :

- Les vrais amis, c'est ceux qui, même si on les connaît que depuis quelques mois, on a l'impression de les connaître depuis toujours... 

 (J'avais rajouté les points de suspension pour faire profond et mystérieux.)

Et j'avais un T-Shirt Che Guevara.

J'AVAIS UN T-SHIRT CHE GUEVARA!

(Et un T-Shirt Bob Marley. Tuez-moi maintenant.)

4 commentaires:

  1. Hu hu hu, comment j'te comprends-trop-an !
    C'est assez étrange cette atmosphère automnale qui nous pousse à la rétrospective, je dois dire que même si jai déjà fait l'erreur funeste d'aller relire mes archives, jamais au grand jamais je ne les ressortirais du placard sombre dans lequel je les enfermât ( en tout cas, pas avant d'avoir atteint un degré d'auto-dérision cynique encore plus élevé ).

    Mais comment dire... je pense ne pas être le seul à avoir apprécié ce genre de travers ( au point de pousser la niaiserie à des demandes en mariage virtuelles, non mais je vous demande un peu ) et il se trouve qu'au moins l'orthographe fût ton joker, ça et le fait d'aimer le seigneur des anneaux ^^

    Quoi qu'il en soit, j'ai aimé, j'aime et j'aimerais encore, ite missa est et toussa toussa ;-)

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  2. Mon canard, je suis prête à t'apporter la preuve photographique que tu mettais encore ton t-shirt Bob Marley à la fac ! ;)

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  3. Ah oui mais c'était un pyjama, ça compte pas!

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  4. Eheh excellent!
    Je n'ai aucune archive de mon adolescence et tant mieux! Je peux me dire que j'étais une ado hyper évoluée sans preuve du contraire. Niveau vestimentaire j'abhorrais ceux qui mettais des t shirts du Che etc. pour faire genre :-D J'étais classique. Niveau soirées c'était chez mon petit ami de l'époque où chez ses potes. J'étais aussi fan du Seigneur des Anneaux!

    Ca me fait rire de voir mes élèves aujourd'hui :-D

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