lundi 25 janvier 2010

Et je relève ce défi !



En cette saison de froid, de neige et d'Eurostars en panne, détournons-nous un instant de nos placards débordants de soupes en boîtes et de choses au fromage (si on est un être humain normal) ou de nos frigos débordants de bouffe pour ruminants et de K Spéciaux (si on est des filles débiles qui veulent maigrir alors que l'été est genre à huit mille bornes), et coupons-nous un moment l'appétit avec l'histoire de la petite fille aux allumettes.

(De toute façon ça sert à rien de faire des régimes l'hiver, ton corps il a besoin de gras, il veut du gras pour tenir chaud à ton petit corps rachitique, il va stocker le moindre centimètre cube qu'il va trouver. Ton mince filet d'huile d'olive avec lequel tu aromatises ta salade de lapin, il va aller dans tes fesses tout pareil qu'un fondant au chocolat, alors arrête de lutter, bouffe des chips, et mets des pulls.)

L'histoire de la petite fille aux allumettes, c'est monsieur Andersen qui la raconte, un monsieur qui respirait la joie de vivre ("La petite sirène". "Le petit soldat de plomb". Que du bonheur.) Monsieur Andersen, donc, était un jour assis devant son poêle en se demandant "Comment donc pourrais-je faire pleurer dans les chaumières, aujourd'hui ?" et il a trouvé cette histoire.

Il était une fois une petite fille très pauvre et battue par son père (ça commence bien). Elle n'avait plus de maman, et la seule personne au monde qui la traitait bien était sa grand-mère, sauf que sa grand-mère était morte juste avant Noël. (Ça fait jamais de mal d'en rajouter une louche.)

Là, c'est le soir de Noël, dans les rues de Copenhague, tout le monde passe les bras chargés de cadeaux et de dinde, et la petite fille est assise dans la neige à crier "Elles sont belles elles sont belles, mes allumettes ! Elles allument vos bougies et provoquent des combustions de sapin, mes allumettes ! Elles allument votre four pour cuire vos dindes de gros bourges, mes allumettes ! Alors maintenant achetez-moi un paquet avant que je bouffe mes chaussures !"

(C'est une figure de style, en vrai elle n'a pas de chaussures. Les chaussures c'est pour les bobos qui font leurs courses aux Galeries Gourmandes, trois euros cinquante le pot de confiture, on sait pas pourquoi. Peut-être que c'est un pot laqué or, ou peut-être que c'est des fruits célèbres.)

Quoi qu'il en soit, les gens passent à côté de la petite fille sans même un regard. Alors, comme elle a très froid (rappelons qu'on est à Copenhague avant la Révolution Industrielle et le réchauffement climatique, alors on devait bien se peler le cul un soir de décembre) elle décide de craquer une allumette, juste une, pour se réchauffer les mains.

Alors je sais pas trop pour vous parce qu'il y a quand même pas mal de citadins dans le tas, mais moi j'ai grandi dans la montagne, et dans la montagne on se chauffe au bois. Ça veut dire que si on a pas envie de perdre des orteils les jours EJP, il faut apprendre à faire du feu assez tôt. Et comme en plus de ça j'avais un penchant pyromane assez poussé, étant enfant, je peux te dire que j'ai allumé mon quota d'allumettes. Et laisse-moi te dire qu'un soir d'hiver à ciel ouvert, une allumette, ça réchauffe que dalle. (Ou alors vaguement le bout de tes doigts avant qu'ils crament.) 

Mais la petite fille continue à cramer toutes ses allumettes rien que parce que c'est joli. C'est un peu sa seule source de revenus, mais sinon c'est pas trop grave. C'est comme si moi je bossais au Mac Do et je me mettais à manger tous les hamburgers. Ou encore si je bossais dans une station essence et que je vidais toutes les cuves juste pour kiffer ma race avec l'odeur de l'essence (soi dit en passant, ça et l'odeur du cuir, c'est le genre d'odeurs que je verrais bien dans un parfum. Imagine : "Sans Plomb by Kenzo". Je dépose le brevet demain matin.)

Et alors qu'elle crame ses allumettes à tout va, voilà-t-y pas que la petite fille voit soudain le visage de sa grand-mère apparaître devant elle. (Et voir les gens morts, ce n'est jamais bon signe. Regarde le gamin de Sixième Sens. Ça doit faire bien douze ans qu'on l'a plus vu au cinoche.)

Du coup, pour continuer à voir sa grand-mère, la petite fille devient de plus en plus audacieuse (maintenant on sait sur qui Twilight 2 a tout pompé.)

Et au bout d'un moment, elle n'a plus d'allumettes, elle se roule dans la neige et elle meurt.

Et là, le moment où tout le monde essuie ses larmes en hurlant mon Dieu la vie est moche tirez-moi une balle dans le slip qu'on en finisse, là c'est le moment que choisi l'oncle Hans Christian pour nous dire :

- Mais non ! Ne soyez pas tristes ! C'est une jolie histoire ! Elle est enfin libérée de l'asservissement de son père et de la torture de la misère ! C'est trop bien, elle est au ciel avec sa grand-mère et le bon Dieu !

Ah ouais c'est trop bien ça ouais. Je suis sûre qu'elle est trop heureuse de pouvoir faire un high-five à Dieu qui l'a laissée crever comme une chienne le soir de Noël. Wouhou, même les clochards ont une espérance de vie plus longue que moi.

(Le gars il fait un miracle à chaque Noël, et il va décider d'empêcher un hémophile d'hémmoragier après s'être coupé avec un couteau à huîtres, mais une gamine qui crève de froid sur un trottoir, non non elle sera plus heureuse au ciel avec sa grand-mère.)

Personnellement, la fin de ce conte m'énerve toujours. Mais bon à quoi tu t'attendais, n'oublie pas, on est au Danemark, pays de Lars Von Trier, pas de Walt Disney.

Moralité : dis-moi H.C. (Tu permets que je t'appelle H.C. ? C'est comme ça qu'on fait dans le show-business) ce serait pas toi qui a co-écrit "Le Tombeau des Lucioles" par hasard ?

8 commentaires:

  1. chevelure-exquise26 janvier 2010 à 17:59

    bon d'accord, j'ai rigolé mais je tiens à dire que tu m'as pompé une vanne hein!Parce que la gamine qui mange ses chaussures, ça vient pas de toi! voleuuuuse!

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  2. surtout que "achetez-moi un paquet avant que je bouffe mes chaussettes !" ça aurait au moins fait la rime !

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  3. Trop, trop forte ! Réussir à faire rire avec ça, c'était pas gagné... Défi relevé haut la main ! :D
    J'aime particulièrement le coup du pot de confiture avec des fruits célèbres dedans. Et le High-Five à Dieu m'a achevé.. ! You're the one.

    Hate de voir le prochain conte revisité !

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  4. En effet, bravo pour le High-Five ! Un vrai chef-d'oeuvre !

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  5. Ah ouaaais puissant.
    Respect. :D

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  6. Raaah, je pleurais toujours quand on me lisait cette histoire, et là je riait... Merci de casser mes habitudes!
    Quand j'étais petite ( disons douze ou treize ans ), j'avais vu un dessin animé sur Andersen, et franchement, là seule chose dont je me souvienne, c'est qu'il est fréquenté des prostituées... ( y avait des femmes à poil, c'était so chocking! )

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  7. Par contre, je le dis avec quelques heures (jours) de retard, mais ça serait pas plutôt "Sans plomb by Diesel" ? (j'ai compris le "by Kenzo", la référence, tout ça, mais Sans plomb, Diesel, tout ça, non ?)

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